Malik a pris six ans, comme il est majeur son avocat lui signifie qu’il sera transféré à la centrale (maison d’arrêt réservée aux détenus qui purgent une longue peine). Malmené dès son arrivée à la prison, le groupe des corses lui met le grappin dessus à la première promenade. Le boss Cesare Luciani lui annonce sa mission: approcher un détenu, l’égorger dans sa cellule et faire croire à un suicide. Malik, comprenant qu’il n’a pas le choix, tente alors de se faire enfermer le quartier d’isolement. Malheureusement pour lui, les matons, vendus aux corses, lui font rapidement passer l’envie. Malik exécutera donc son contrat avec une lame de rasoir dissimulée dans la mâchoire.
Sans proche qui ne vienne lui rendre visite, Malik va bientôt trouver une sorte de famille dans le milieu pénitentiaire. Il va bénéficier tout comme ses aînés des petits privilèges qu’accorde la protection de Luciani. N’ayant pas vraiment d’autre alternative, Malik va s’adapter au milieu dans lequel il est plongé et apprendre très vite comment progresser au sein de la pègre. Profitant de ses sorties hebdomadaires, il monte son propre business dehors. Ses combines entrent rapidement en conflit avec les intérêts du boss.
Film dit d’apprentissage, “le prophète” trace le portrait d’un jeune délinquant que la détention va transformer en criminel aguerri. Mais que l’on ne s’y trompe pas, ce film n’est pas un film de gangsters ordinaire, il est bien plutôt le récit d’une destinée particulière qui évolue sous nos yeux du début jusqu’à la fin de son enfermement.
Jacques Audiard signe là un film d’une puissance inégalée où une mécanique infaillible est à l’œuvre. Une histoire où la brutalité et la malléabilité exprimées respectivement par Niels Arestrup et Tahar Rahim se complètent à merveille. Deux performances justement récompensées par le César du meilleur second rôle et celui du meilleur acteur.
Pas besoin toutefois de faire dire au film ce qu’il n’évoque pas. En effet la dimension politique de la réinsertion en fin de peine y est totalement absente, du moins l’objectif du réalisateur ne nous questionne pas là-dessus. Pas nécessaire non plus de reprocher au film son manque de réalité, le public sait parfaitement que la situation pénitentiaire française n’est pas celle des Etats-Unis. Ce qui importe c’est que le film soit crédible et de fait “un prophète” est plus vrai que vrai.